INSIDE/ALEX GHENIM. Plutôt qu´une interview traditionnelle, nous avons laissé carte blanche à Alexandre Ghenim pour exprimer sa vision du club, sa méthode, ses projets. Un témoignage -fleuve car l´homme est passionné !- de ce « créateur de temps de jeu. »
Thème : La « pré »-formation : poussins – benjamins, le passage du 2/2 au 4/4, tes objectifs (technique individuelle et sens tactique), ta méthode, les spécificités sartrouvilloises
Tout d'abord comprendre ce qu'est ma démarche en tant qu'entraîneur depuis mes débuts au club de Sartrouville c'est comprendre le contexte au moment où je suis arrivé. Il n'y a pas de méthode à proprement dite, il y a juste la volonté de bien faire les choses, une passion (« le volley »), des rencontres, et une Histoire commune. J'inscris donc le tout dans un ensemble. La « spécificité Sartrouvilloise » c'est finalement tous ses membres qui la construisent. Chaque personne dans le club a joué et joue un rôle à son niveau. Et il me semble que çà ressemble seulement à un début !
J'ai commencé en tant qu'entraîneur à Sartrouville il y a maintenant 5 ans. Lors de mes débuts, le constat que je pouvais faire en terme sportif était mitigé. Les catégories d'âges n'étaient pas toutes représentées, le niveau technique général était faible. Toutes les équipes jeunes disputaient le championnat départemental. Le club se situait dans le ventre mou des clubs du 78 en terme de formation. Il y avait 2 équipes seniors (une équipe filles en R2 et une équipe garçons en R3 qui venait d'être titrée championne interdépartementale de mémoire). Le bureau était restreint et Claude venait d'être élu nouveau président du club. L'énergie était à revendre, tous avaient de grandes ambitions' Est né de ce groupe de travail (bureau et entraîneurs de ce temps là) le projet « Horizon 2016 ».
En 2010, j'avais émis le souhait de prendre en charge les minimes garçons (-15 ans). Cette équipe était constituée à l'époque d'un groupe intéressant tant par l'implication des garçons que par le nombre de l'effectif (8 joueurs environ). Ça ne c'est pas fait car les besoins à ce moment là étaient d'avantage nécessaires dans les catégories plus jeunes. Mes premiers pas dans le club étaient alors lancés avec les benjamins (-13 ans). Cette première année dans cette catégorie m'a permis de prendre la température. Je ne connaissais pas encore le 4/4. Mon expérience d'entraîneur était surtout centrée sur le 6/6. Cette année 2010, m'a permis de me rendre compte du chantier qui m'attendait. Un premier tour de Coupe de France à Asnières, après à peine 1 mois de travail avec mes jeunes nous a très vite refroidi (défaite dans le genre 25/02, 25/04 « Plus jamais çà » !!!). Sur cette claque, et partant du principe que pour progresser il fallait s'inspirer de ce qui ce fait le mieux, j'ai décidé de gravir des échelons par étapes. Déjà mon implication au sein de la formation dans le club s'inscrivait dans la durée.
La première des étapes était pour moi de créer du temps de jeu. 3 heures par semaine, plus 1 match par mois (championnat départemental), ce n'était pas suffisant pour avoir des résultats et cela quelle que soit la compétition à laquelle nous nous engagions.
Dès l'été 2011, j'ai organisé bénévolement des après midi « volley sur herbe » au parc du dispensaire. Nombreux sont ceux qui ont participé à la fête. L'esprit était convivial et çà m'a beaucoup plu. Les jeunes et les adultes qui sont passés avaient vraiment envie de partager de bons moments tout en jouant. Ça m'a encouragé à relancer l'évènement tous les ans malgré les contraintes que cela implique d'un point de vue logistique mais aussi d'investissement. J'ai vu durant ces après-midi volley, des jeunes s'épanouir, prendre confiance en eux, s'affirmer'
J'ai également proposé mes services lors des vacances scolaires afin de réaliser des « stages volley » de 2 à 3 jours. Cette formule stage que j'avais démarré dès 2009 (je n'étais pas encore entraîneur à Sartrouville mais je faisais partie de l'équipe senior) permettait de faire évoluer le groupe dans son ensemble. Les jeunes vivent durant le stage entre 10 à 16h de volley (équivalent de 1 mois de volley en 2/3 jours). Les repas et les jeux de sociétés le midi apportaient quant à eux « autre chose » d'indescriptible. On découvre ses partenaires différemment. J'ai constaté chez certains une redécouverte des vertus du sport collectif, du plaisir à ressentir des sensations techniques de par le temps de pratique rapprochée (les entraînements qui s'enchaînent), la révélation de caractères et donc l'inscription de chacun dans une position importante au sein de son groupe. Finalement la formule était idéale dans une optique qui vise à redynamiser, à redonner confiance individuellement ou collectivement.
Toujours pour répondre à cette problématique de temps de jeu, je me suis rapproché du directeur de l'école élémentaire Langevin et du professeur EPS (Stéphane Gueguen) du collège Darius Milaud.
Pour ce qui est de l'école Elémentaire, il était question de proposer aux classes de CM1 et de CM2 des séances de pratique de volley-ball. Cette aventure a commencé en 2011/12. Elle a permis entre autre de faire découvrir notre sport au sein de l'école. Ce lien Club / école né d'une action entièrement bénévole, a permis de développer nos relations. Aujourd'hui, certains jeunes se rendent directement de l'étude du soir à l'entraînement en passant par la porte qui mène à la cour de l'école.
La signature de la convention entre le club et le collège Darius Milaud et le lancement de ce projet dès cette année 2014/15 a permis d'optimiser cet objectif qui vise à proposer encore plus de volley à nos jeunes. Au travers de l'UNSS (entraînements et compétitions scolaires), de l'utilisation du gymnase tout le mercredi après midi (entraînements poussins) mais aussi par le biais d'événements tel que les « mercredis d'avant les vacances » (3 heures de volley) nous arrivons à proposer une palette large de pratique de notre sport sur la semaine. Aujourd'hui, un enfant de 10 ans peut pratiquer si il le souhaite jusqu'à 10 h de volley par semaine (contre 3 heures seulement en 2010!). La convention volley avec le collège c'est aussi des élèves qui découvrent le volley au travers de l'UNSS et qui deviennent pour certains licenciés du Club. Aujourd'hui, de nombreux licenciés du club sont issus du collège et de l'école Langevin.
Enfin, la participation aux stages de la sélection 78 mais aussi aux compétitions qui en découlent pour un maximum de nos licenciés est aussi un facteur non négligeable dans une perspective de progression et donc favorisant des résultats positifs avec les couleurs de son Club.
La deuxième étape qui s'est mise en place parallèlement à la première a été de trouver l'approche la plus optimale dans la mise en place des entraînements. Chaque entraîneur va dans cette approche mettre en avant des choses en fonction de son vécu en tant que joueur mais aussi en fonction des entraîneurs qu'il a connus et enfin à travers sa propre expérience dans le domaine. La première équipe que j'ai entraîné, j'avais 18 ans et c'était une équipe de R1 Féminine. Aujourd'hui je dois être à ma 15ème année en tant que coach !
Avant même de parler Volley, un aspect qui peut paraître anodin mais qui pour le coup est essentiel à mes yeux, c'est le relationnel. Le fait de créer un dialogue joueurs / entraîneur, entraîneur / parents. Toutes les séances démarrent par un bonjour et se terminent par un au revoir. Je ne peux pas oublier Bruno pour son aide et je le remercie encore. Avant de former un joueur, il y a l'aspect humain et le respect.
Durant ces 5 ans à Sartrouville, mon approche du 4/4 a évolué. Les différentes générations avec lesquelles j'ai évolué m'ont apporté beaucoup. J'ai le sentiment qu'un entraîneur progresse avec le temps. Les difficultés étaient de divers ordres :
– Groupes hétérogènes (les « – 11 ans » avaient 1 entraînement /semaine jusquen 2010, on surclassait les meilleurs, la section pupille « – 9 ans » n'était pas encore en place).
– Densité des groupes (3 équipes benjamins engagées en 2012/13)
– Jusqu'à 3 ans d'écart entre les joueurs dans une même catégorie d'âge (surclassement contraint au début car pas le choix).
– Différentes options tactiques (organisations collectives) que je découvre avec les compétitions, que je mets en place en fonction du groupe à ma disposition (qualités/défaut).
Une constante reste néanmoins, c'est le travail technique. Mon idée de base est de former des joueurs complets au sein d'une équipe qui construit des automatismes.
Ma démarche auprès des poussins s'inscrit dans une formation (« dimension technique ») assez simple. Un jeune de 9-11 ans va apprendre à servir et à maîtriser le jeu court / long. Il n'est pas rare d'assister dans cette catégorie à des marathons d'échanges, où la stratégie est essentiellement axée sur le jeu court / long. Il s'agit donc dans un premier temps d'optimiser l'attaque du camp adverse (être près du filet par le biais de la construction avec son partenaire) et d'organiser la défense de son camp (déplacement avant / arrière et communication). La « dimension physique » quant à elle se limite à de la coordination, exercices de vitesse, des sauts.
Dans un second temps, le joueur évolue en créant d'avantage d'incertitudes (jeu en 1ère et 2nde intention, sauter pour pousser ou frapper la balle, défendre son camp avec un joueur avant et un joueur arrière).
La particularité des dimensions du terrain poussins (4.5m / 9m, assez petit finalement) empêche au début la frappe de la balle à l'attaque. Le résultat se traduit souvent par une faute. Je pense que cette particularité est un mal pour un bien. Elle permet de prendre les choses dans l'ordre.
Depuis 2013/14 j'entraîne les poussins et les benjamins. Un suivi sur 4 ans qui pour moi va marquer une transition, une étape. Les jeunes arrivent en catégorie benjamins (-13 ans) avec un bagage technique important. S'ajoute à cela une expérience de la compétition et donc une vision du jeu plus prononcée (rencontres en 2/2).
En ce qui concerne les benjamins (-13 ans), le jeu en 4/4 et un terrain plus grand (7m/14m) induisent des évolutions dans l'approche de l'opposition. Le jeu court / long est toujours présent mais le service et la frappe de balle à l'attaque prennent une plus grande importance.
Un début de spécialisation au niveau des postes est à noter en fonction des joueurs dont on dispose (taille, force, rapidité de déplacement).
Un cap a été franchi durant ces 5 ans, celui de participer régulièrement aux championnats majeurs au niveau de la région et au niveau national.
Cette étape importante dans l'histoire sportive du club est renforcée par l'expérience de Véronique Patin qui amène sa touche personnelle. La création du tournoi poussins le 10 Mai 2015 (niveau Régional), la participation au tournoi International de Hyères cette même année, son implication au niveau de la sélection -13 ans du 78 sont des éléments qui visent à encore hisser le niveau du Club dans sa politique de formation des jeunes, en leur permettant de se confronter aux meilleurs équipes de la région voire plus. Les échanges que j'ai pu avoir avec Véronique au niveau de nos façons de travailler, de voir le jeu m'ont beaucoup apportés. Il nous est arrivé souvent de débattre sur la pratique de notre sport et cela m'a permis d'évoluer et d'envisager la formation du joueur sous différents angles.
Aujourd'hui, les choix du Club avec le maintien des bases solides (je pense au Baby Volley avec le rôle majeur de Véronique et de ses acolytes), l'élargissement du bureau, la signature des conventions scolaires, l'aboutissement du projet « Horizon 2016 » qui vise à ce que le club présente toutes les catégories (dès les pupilles ), l'affirmation de l'identité « Sartrouville Volley » au travers du logo (tee-sheart, sweat, sacs), la création d'équipes 2 et 3 seniors, la création d'évènements en interne (Ateliers du mercredi, tournois, repas') et externe ( caritatifs, tournois jeunes, organisation des interdep seniors') placent les futurs jeunes sur orbite. Ceux qui dépasseront leurs aînés en Equipe 2 seront prêts à pousser la porte de la N3 et à hausser le niveau'
Les perspectives de demain ?
Je dirais, une mobilisation plus importante des joueurs seniors dans l'organisation qu'implique une association tel que la nôtre (entraîner, aider lors de manifestations, source d'idées, formation à l'arbitrage, communication, sponsors).
Un projet d'avenir ?
Depuis 2014 je suis intervenu dans l?école Brossolette auprès des CM1 et CM2 avec Hugot Nicolet (bénévolement). Nous avons proposé dans un premier temps des séances d'apprentissages qui se sont soldés sur un second temps par un « tournoi volley de l'école ».
Notre présence sur le Plateau, une école ex centrée de la ville de Sartrouville est à mon sens importante. De cette expérience, deux idées peuvent être développées.
La première est d'envisager un tournoi Volley regroupant le maximum d'écoles de Sartrouville. Chaque école organiserait son tournoi en interne après 3 séances d'apprentissages proposées par le Club. Et les équipes finalistes de chaque école se retrouveraient au mois de juin par exemple pour participer au « tournoi volley des écoles de Sartrouville ».
La seconde idée est d'envisager des entraînements volley sur le plateau au gymnase Romain Rolland.
Il va de soi que ce type de projet ne peut reposer sur une poigné de personnes. Une telle opération demande une organisation mais surtout un investissement humain